Les OGM : vous croyez au père Noël ?
Petite réflexion sur les OGM.
Je viens de voir un débat politique sur la question des OGM, et certains se permettent d'affirmer n'importe quoi... Je vous propose donc de passer en revue les arguments pour ou contre.
Que sont les OGM ?
L'acronyme OGM désigne les Organismes Génétiquement Modifiés. L'homme modifie les gènes d'un organisme vivant pour modifier un certain caractère. Les principaux OGM sont dans le domaine de l'agriculture : soja, colza, maïs, coton. Ces plantes sont modifiées pour devenir résistantes à un insecte ravageur ou à un herbicide. Les entreprises qui effectuent ces modifications (Sygenta, Montsanto) déposent un brevet puis vendent des semences modifiées à des agriculteurs en leur promettant monts et merveilles.
Le modèle économique des OGM
L'agriculteur n'achète plus les graines mais un droit d'utiliser ces graines pendant une année. Il n'a pas le droit de récolter les graines de ses propres cultures pour semer un champ l'année suivante, c'est de la copie illicite d'une oeuvre protégée par un brevet. Les firmes qui vendent ces OGM font des contrôles et poursuivent en justice les fraudeurs. Les peines sont des amendes de plusieurs centaines de milliers de francs... avis aux amateurs.
Le problème c'est qu'on a oublié d'informer les abeilles, le vent et les oiseaux qui disséminent les graines et qui pollinisent les fleurs. Un champ BIO voisin peut donc être contaminé à l'insu du producteur. En cas de contamination, le pauvre paysan BIO perd son label, et se retrouve avec un procès sur le dos. Face à une multinationale il a autant de chances qu'une grenouille sur une autoroute vers 18h30.
Les agriculteurs qui se sont rendus compte du problème ont été très très fachés, et on les comprend. Mais pourquoi diable certains paysans acceptent-ils des OGM ? Eh bien parce que les agents commerciaux des firmes précitées sont très convaincants : on vous offre les graines la première année et l'herbicide qui va avec, l'année suivante vous verrez que vous dépenserez moins d'argent pour les herbicides, vous aurez un rendement supérieur, etc..
Est-ce que ça marche ?
Non. Les insectes ravageurs deviennent résistants au bout de quelques années et on repart à zéro. Et puis lorsque vous avez un maïs résistant aux herbicides, vous êtes tentés d'en rajouter un peu... Et puis l'OGM est résistant à un seul herbicide, vendu comme par hasard par la même boîte qui fait les OGM. Simple coïncidence, promis. On se retrouve donc avec un sol plus pollué, un insecte ravageur résistant et une dépendance par rapport à une multinationale.
Est-ce qu'on a une alternative ?
Oui, le BIO, mais il faut voir le problème à l'envers. Pourquoi avons-nous des insectes ravageurs ? Peut-être parce que l'écosystème est affaibli, et que l'oiseau qui se nourrit d'habitude de cet insecte est empoisonné par les herbicides ? ou alors les champs à perte de vue ne lui offrent plus de refuge ? ou alors parce que nous plantons tout en monoculture et que ça favorise les insectes qui mangent ladite culture ?
Comment pourrait-on éliminer les mauvaises herbes entre les plants de maïs ? Peut-être pourrait-on semer entre les lignes de maïs des légumineuses qui vont occuper le sol et le fertiliser ?
Oui mais ces techniques ne rapportent pas d'argent aux multinationales. Le problème est là.
La valeur ajoutée
Croyez-vous qu'une carotte américaine OGM cultivée aux herbicides va se vendre plus cher qu'une carrotte BIO indigène ? Non, bien sûr que non. La vraie valeur ajoutée est dans la production de légumes sains, locaux et variés. Nous avons en Suisse des dizaines de plantes indigènes (variétés d'orge, carottes...) qui représentent un patrimoine génétique énorme. C'est la sauvegarde de ce patrimoine qui a une valeur, et non pas l'ajout d'un gène dans une carrotte américaine standard. Il faudrait donc soutenir la Fondation Pro Specie Rara qui se bat pour la sauvegarde de nos espèces, plutôt que d'accorder des réductions fiscales à Sygenta pour implanter ses labos douteux en Suisse.
Les emplois
Ah mais si on interdit les OGM , les chercheurs seront tous au chômage. C'est faux. D'abord il n'y a plus de chercheurs en Suisse puisque ils sont tous partis aux USA :-) et puis l'agriculture BIO a aussi besoin de chercheurs...
L'exemple
Les pays en voie de développement comptent sur nous pour rejetter les OGM. Ils n'arrivent pas à faire face tout seuls à la pression exercée par les multinationales. Ils ont besoin de leur autonomie alimentaire, et l'Europe en a aussi besoin.
Les risques
Celui qui vous affirme "il n'y a aucun risque" est toujours un menteur. On nous a dit la même chose pour l'amiante, pour le nucléaire, etc. La carrière des OGM a une dizaine d'années, et j'attends toujours que Montsanto me prouve qu'il n'y a aucun risque pour les 70'000 espèces animales et végétales présentes en Suisse (y compris l'homme). Une fois qu'on lâche un gène dans la nature, il y a de fortes chances que celui-ci se propage, personne ne peut prédire où et comment, et surtout c'est irréversible.
L'éthique
Comment peut-on autoriser une entreprise à déposer un brevet sur le maïs ou sur le blé ? Ça n'appartient même pas à l'humanité, alors encore moins à un groupe d'actionnaires américains.
La faim dans le monde
Les OGM ne vont pas résoudre le problème de la faim dans le monde. On a déjà bien assez de nourriture, le problème c'est la répartition de la nourriture... Mais l'Europe et les Etats-Unis neu veulent pas régler le problème de la famine en Afrique... ils cherchent plutôt comment affamer les chinois. Mais bon je suis comme le mouton OGM, je m'égare.
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Créé par Arnaud - dernière modification 22.02.2006.